« Apprendre, c’est se forger ; se forger, c’est construire sa vie, son avenir », tel est le leitmotiv du jeune entrepreneur togolais, SIZING Essodina Ferdinand. Un leitmotiv à l’image de son ambition, celle d’être l’un des investigateurs de changement et de développement dans le système éducatif togolais. Et ce changement est déjà amorcé, puisque M. Sizing est le promoteur de l’entreprise, « Sciences et Applications », un centre d’apprentissage de travaux pratiques qui vise à réfléchir sur les problèmes des expériences scientifiques dans les écoles et proposer des solutions alternatives conformes au programme en vigueur dans le pays.
La théorie, c’en est de trop dans nos écoles
Cette assertion, plus qu’un cri de cœur d’un observateur avisé d’un système éducatif, est la source de réflexion qui a mené M. Sizing sur la voie de l’entrepreneuriat. Sa maîtrise en sciences en poche après son parcours formatif à l’Université de Lomé, le jeune Sizing suivant sa vocation de transmettre le savoir, devient enseignant. Il enseigne alors les sciences physiques dans des collèges et lycées de la place pendant 6 ans.
Une période au cours de laquelle le jeune visionnaire sera outré par la pléthore de cours théoriques dispensés dans les écoles pour des matières scientifiques et qui est un handicap pour nos sociétés africaines et surtout togolaises. « Nos sociétés ont beaucoup plus de théoriciens que de praticiens. Tout le monde sait parler ou remarquer, mais peu savent apporter des réponses concrètes et pratiques. Et c’est pour cela que nos sociétés avancent à petits pas !», déplore-t-il.
Et cette situation n’est pas sans cause. « Dans nos écoles, qu’elles soient publiques ou privées, il n’y a pas de laboratoire. Et les rares cas où il y en a, soit le labo ne fonctionne pas, soit le professeur ne s’y rend pas ou encore le matériel est vétuste et abandonné.» Ainsi, nos « élèves font 9 mois de cours uniquement théorique au cours de l’année scolaire, suivi de 3 mois de cours de vacances, toujours théoriques, et ce pendant les 13 ans qui constituent leur parcours du primaire au 3e cycle, c’est grave ! », s’exclame-t-il.
Cet état de chose qui pourrait sembler anodin pour certains ou relèverait d’une habitude pour d’autres, est selon le jeune enseignant, la trentaine, une aberration. Ainsi naîtra son aventure entrepreneuriale, fruit d’une prise de responsabilité envers la société et du monde éducatif. Pour lui, il s’agit de «(…) prendre nos responsabilités en tant qu’acteurs de la science ». Et c’est ce qu’il fait en mettant en place son Laboratoire pédagogique des sciences.
« Laboratoire pédagogique des sciences », miser sur la pratique dans l’enseignement
Si l’on devait résumer les traits de personnalité de M. Sizing en un seul mot, c’est un exemple de témérité. Un trait de caractère qui lui a permis depuis la création de son entreprise en 2016, de rester en selle, malgré les difficultés.
« J’ai connu les dispositifs d’accompagnement mis en place par l’Etat (FAIEJ, PRADEB etc.), par l’intermédiaire des communications qui se font habituellement sur les médias », confie-t-il. Abandonnant alors les enseignements, qui le faisaient pourtant bien vivre, il rentre alors dans la course en 2016 en s’inscrivant au FAIEJ.
En 2017 et après la série de formations dont celle en ‘Gestion de Micro-entreprise’, il bénéficie d’un financement d’environ 2 millions de FCFA par la banque ORABANK. A travers son laboratoire situé au quartier Avédji-Limousine à Lomé, il propose de services de répétition couplés de travaux pratiques aux jeunes apprenants des collèges et lycées.
« Notre cible, ce sont les parents d’élèves à qui on propose des cours de répétition et des séances d’initiation aux Travaux pratiques et les écoles que nous appuyons en matériel technique et par la production de kits didactiques en sciences de la vie et de la terre (SVT) pour améliorer l’enseignement de la matière », explique-t-il.
Mais, le jeune entrepreneur accompagné par l’ONG PASYD et qui a déjà créé 4 emplois, ne cache pas les difficultés qui jalonnent son parcours, notamment la réticence des parents qui ne trouvent toujours pas nécessaire les travaux pratiques pour la compréhension des matières scientifiques ou l’acte d’achat qui ne suit les prévisions faites en amont ou encore l’OTR qui est toujours à leurs trousses.
« Je remercie l’ONG PASYD, qui a été mon soutien au cours des mauvaises passes, car il est arrivé des fois où nous avons voulu tout arrêter », confie-t-il avant d’ajouter cette exhortation, plein d’espoir, « Rien ne passe toujours comme sur des roulettes. Il y a toujours des difficultés et c’est en les surmontant qu’on devient un ‘Homme’. (…) Notre lutte se poursuit donc, car nous avons en tête que le financement obtenu est un prêt et qu’il faudra le rembourser pour permettre à d’autres jeunes d’en bénéficier. »
Mais, au-delà des difficultés, le jeune Sizing voit loin pour son entreprise. Il compte entre autres, diversifier son activité afin de se rapprocher davantage de ses clients A long terme, il compte fabriquer des articles scientifiques répondant aux besoins de la société et étendre ses activités sur les autres pays de l’Afrique Francophone qui connaissent les mêmes réalités en matière d’éducation comme le Togo.